Ether REAL:
Pour la dixième année consécutive, nous voici de nouveau au festival Présences Électronique, rendez-vous régulier des amateurs d’expérimentations électroniques dans des conditions d’écoute particulières puisque orchestré par l’Ina/GRM, tous les concerts sont diffusés sur l’acousmonium. Comme d’habitude depuis que le festival est transposé au 104, on débute dans le noir et en configuration circulaire autour de la performeuse norvégienne Maja S. K. Ratkje qui s’était déjà produite à Présences Électronique en 2008.
Maja Ratkje nous surprendra tout particulièrement avec les 10 premières minutes de son set. Une petite boite à musique pour lancer le mouvement, puis une suite de vocalises, douces et aériennes, qui remplissent l’espace. L’électronique est elle aussi réduite au stricte minimum, tout juste une nappe linéaire et bien sûr de multiples effets qui dédoublent, hachent, et font frétiller la voix de la norvégienne. Des intonations de toute beauté, une certaine gravité, et une ambiance quasi mystique qu’on ne lui connaissait pas.
Petit à petit l’électronique prend plus de place avec des petits frétillements rythmiques, des sifflements d’ondes radio, des vrombissements instables et la musicienne opte pour des bruitages vocaux plus arides, ou imitant l’électronique. Difficile de savoir précisément comment tout ceci interagit, si l’artiste imite les machines ou si au contraire ses intonations sont des commandes qui vont influer sur la manière dont les machines vont traiter le son.
La suite du concert est donc beaucoup plus abstraite, avec quelques moments de flottement lors de transitions entre deux séquences plus intenses. La norvégienne alterne ainsi entre une quasi ambient murmurée, des passages riches en onomatopées jouant un rôle de ponctuation, voire de rythmique, froissements de textures grésillantes, vocalises exubérantes, fourmillements bruitistes et mécaniques et apaisement ponctué de basses mélodiques.
Un concert que l’on retiendra comme fidèle aux précédentes productions de Maja Ratkje, avec une première partie étonnante que l’on espère retrouver un jour sur disque.
Fabrice Allard le 02/04/2014