Soirée vent frais le 1er septembre à la Dynamo, pour Jazz à La Villette : rodé à l’Ermitage au printemps (…) En deuxième partie, la chanteuse Maja Ratkje allait livrer une éblouissante relecture du répertoire de chansons révolutionnaires de Kurt Well et Hans Eisler sur des arrangements délicieusement déjantés de ses trois compilces du groupe Poind : l’accordéoniste Frode Halti, le saxophoniste Rolf-Eric Nyström (un must) et le contrebassiste Hakon Thelin. Maitrise vocale parfaite, tessiture impressionnante, sens des dynamiques, présence collective, dramaturgie enjouée… Une fraicheur torride. Voilà à quoi doivent servir les vrais festivals et les vrais programmateurs…
Radio France
La parole était aux femmes hier soir à la Dynamo de Banlieues Bleues dans le cadre de Jazz à la Villette. (…) La deuxième partie de ce concert nous a permis d’écouter la plus rare Maja Ratkje, qui est une norvégienne bien connue pour ses talents d’improvisatrice et de bruitiste au sein du collectif SPUNK. Elle a délivré hier soir, avec les excellents musiciens du groupe “Poing” qui l’accompagnaient (accordéon/saxophone/basse), une performance dans un tout autre registre puisqu’il s’agissait de reprises de chants révolutionnaires, notamment de Hans Eisler et de Kurt Weill. Le traitement très moderne réalisé sur ces compositions par la voix et les musiciens n’enlevait rien à l’émotion qu’elles dégageaient, ce qui a permis d’assister à un concert exceptionnel hier soir. Pour ceux qui n’ont pu venir, qu’ils se consolent en écoutant l’album “wach auf!” qui vient de sortir.
Mediapart
La deuxième partie de la soirée fait la part belle à la voix d’une autre étrange sirène. Vue il y a quelques années à Banlieues Bleues (2007) au sein de Spunk, quatuor norvégien, féminin et bruitiste, Maja Ratkje est cette fois accompagnée par Poing, à la tête d’un quatuor norvégien, weimarien et socialiste. Au mur, derrière les musiciens, une banderole avec le nom du groupe et un poing serré (d’où le nom) dessiné. Sur le devant de la scène, un drapeau rouge frappé de la tête de Vladimir Ilitch Oulianov sert de nappe à une table sur laquelle est posé un kleiner Radioapparat. Pour le premier morceau, une composition de Maja Ratkje, seul les trois membres de Poing sont présents sur scène, soit Frode Haltli à l’accordéon, Hakon Thelin à la contrebasse et Rolf-Erik Nystrom au sax alto. Ambiance cabaret contemporain, parcouru d’éléments jazz, bruitistes et folk pour commencer. La suite du répertoire fait la part belle aux textes de Brecht et aux musiques de Kurt Weill et Hanns Eisler. Des extraits de l’Opéra de Quat’sous (Die Seeräuberjenny, Der Morgenchoral des Peachum, Kanonensong…) suivent le Solidaritätslied d’Eisler. Ce dernier, en ouverture de concert, illustre bien les orientations esthétiques du groupe : tout en conservant tout le lyrisme romantique contenu dans ces hymnes révolutionnaires, ils s’en amusent et les font entrer en collision les uns avec les autres (Plaine, ma plaine et le Solidaritätslied, puis Je t’aime moi non plus de Gainsbourg et Der Song von Mandeley de Weill, ou encore les Fables of Faubus de Mingus et une chanson norvégienne). Même quand ils semblent s’éloigner du répertoire weimarien, c’est pour y revenir rapidement, par la bande (Tow Waits). Du cabaret allemand de l’entre-deux-guerres, ils ont conservé l’expressionnisme et l’ont enrichi des expériences du jazz et des musiques aventureuses d’après guerre. Armée tour à tour d’un mégaphone et d’un kazoo, Maja Ratkje parcourt ces hymnes bien connus à l’aide de gazouillis joyeux, de râles inquiétants, de feulements extatiques, de slogans magnifiques ; et leur redonne une nouvelle fraîcheur. On ressort du concert des mélodies entrainantes plein la tête. Sur le chemin du retour, il faut se retenir de ne pas hurler à tue-tête dans les rues désertes, à l’heure où les braves gens dorment, peut-être bercés de doux rêves révolutionnaires.
Native Dancer