Festival Météo. Rendez-vous avec l’apocalypse. (FR)

L`Alsace le 28/08/2010

Le bruit courait dans les coulisses du festival. Surtout ne pas manquer le rendez-vous événement avec le duo FM Einheit/eRikm à DMC jeudi après-midi… Un beau symbole que cette forme radicale d’hommage au monde du travail dans un atelier déserté par ses ouvriers.

Une effervescence particulière régnait quelques minutes avant le début de la performance du duo FM Einheit/eRikm.

Distribution de bouchons de rigueur à l’entrée, ça va déchirer les oreilles… Il faut dire que le premier set avec la Norvégienne Maja Ratkje avait été déjà un bon entraînement aux vibrations tripales, la belle brune venue du froid entraînant le public dans une descente aux enfers, sorte de guerre totale orchestrée par sa voix samplée et son arsenal électronique.

Se méfier de premières confidences chuchotées et soupirs rauques qui se muent inéluctablement en tirs isolés pour finir par une attaque à l’artillerie lourde. Un univers sonore noir, très noir… Les dernières minutes mélodieuses ne sont qu’un leurre pour préparer le silence qui suit le chaos, laissant la place à un paysage dévasté.

Arrive le moment tant attendu de la confrontation avec de nouveaux guerriers, qui eux, nous brossent une autre version apocalyptique du capitalisme, au cœur d’un atelier déserté par ses ouvriers. Tout un symbole.

Violence inouïe
Qu’auraient pensé les salariés licenciés de DMC ou de la SACM de cet étrange hommage au monde du travail ?

Entre les vieilles affiches fatiguées de consignes de sécurité qui subsistent encore sur les piliers, le mobilier abandonné recouvert d’une épaisse couche de poussière noire et graisseuse, eRikm et FM Einheit ont produit quelques improvisations radicales d’une violence inouïe. Duos foudroyants mariant les effets de la perceuse qui chatouille une plaque de tôle recouverte de cailloux ou des coups de marteau sur des ressorts géants produits par Einheit avec les fulgurances inspirées aux platines d’eRikm. Une fusion sonore, de l’acier qui bout, les fracas d’un atelier d’emboutissage… Un ballet spectaculaire, beau et effrayant, dont on ne sort pas indemne.

Les derniers bruits tonitruants d’un univers en voie de disparition qui resteront gravés longtemps dans les mémoires des festivaliers.

Frédérique Meichler

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