Les amateurs de musiques aventureuses l’auront noté : il est aujourd’hui difficile d’échapper à Maja Ratkje, tant elle est active sur de multiples fronts ! Initialement repérée au sein du combo d’improvisation libre SPUNK, c’est avec son premier album solo, Voice, qu’elle se distingue, y compris au prestigieux Prix Ars Electronica en 2003. Ce disque, réalisé sous les auspices de Lasse Marhaug et John Hegre (les deux ambassadeurs du noise de Jazzkammer), fit non seulement date mais révéla son implication dans une bouillonnante scène bruitiste norvégienne. Un engagement illustré, entre autre, par Fe-mail, son duo haut en décibels avec Hild Sofie Tafjord. Si l’on ajoute à cela une liste de collaborateurs qui compte autant de musiciens classiques que de danseurs contemporains, sans oublier une pincée de groupes métal, on peut dire que Maja Ratkje a déjà exploré un nombre impressionnant de directions. Et visiblement, elle n’a aucune intention de s’arrêter là ! Preuve en est la sortie de son dernier CD chez Tzadik qui met en lumière son travail de compositrice jusque là essentiellement méconnu.
Considérant la diversité de votre production musicale, on renonce définitivement à vous donner une étiquette. Comment vous définiriez-vous en tant qu’artiste ?
Compositrice et performeuse. Ce n’est pas tellement à moi de disserter sur le sujet. Je fais ce que je fais et l’avenir nous dira où se trouve ma place dans la musique, si toutefois j’en ai une !
Quelle a été votre expérience en dehors du Conservatoire de Musique d’Oslo ? On perçoit souvent La Norvège comme une terre fertile pour les musiques extrêmes : cela a-t-il eu un quelconque effet sur vous ?
Ma rencontre avec les musiques expérimentales ou extrêmes ne s’est faite qu’après l’adolescence. Je n’ai aucune formation musicale en dehors du conservatoire. Je n’étais pas destinée à étudier la musique et mon milieu familial ne laissait en rien penser que j’allais me retrouver là où je suis maintenant. Sur ce plan, je n’ai pas été du genre précoce : j’ai fait mes premiers pas dans la composition d’avant-garde en même temps que j’ai débuté l’improvisation libre, en 1994, un an avant la formation de SPUNK. Avant ça, j’étais plus intéressée par la politique environnementale et à peu près tous les sujets autres que la musique. Au lycée, mes matières favorites étaient les maths, la physique et la religion ! J’ai passé mon diplôme de fin d’études avec les meilleures notes mais, par la suite, j’ai décidé de faire une pause pour me consacrer à ce qui était alors une passion naissante, la musique, dans ce que l’on appelle une folk school en Norvège. C’était en 1993 : une année cruciale pour moi. J’ai découvert la musique expérimentale, joué du jazz dans un groupe avec Hild Sofie Tafjord et décidé de devenir compositrice après avoir entendu des œuvres de Stockhausen et Arne Nordheim.
L’année suivante, au lieu de reprendre des études techniques à Trondheim, j’ai déménagé à Oslo, gagnant ma vie avec des petits boulots et apprenant tout ce dont j’avais besoin pour réussir l’examen d’entrée au conservatoire. Je voulais vraiment étudier la composition et c’était le seul endroit qui proposait ce type de cursus en Norvège. Je n’avais jamais rencontré un compositeur auparavant. Je n’avais pas la moindre idée de qui ils étaient et de ce qu’ils pouvaient raconter alors, dès le début, je me suis sentie un peu à part. Heureusement, j’ai trouvé quelqu’un avec qui improviser et m’amuser, sans quoi j’aurais probablement finie pleine d’amertume et de désillusions. Ma première composition noise a été Sinus Seduction : le fruit de mes expérimentations avec le matériel du studio au conservatoire, d’une manière qui n’était pas franchement celle enseignée là-bas. À l’époque, je ne connaissais rien de la scène noise. C’était juste avant de rencontrer Lasse Marhaug.
Puisque vous en parlez, votre rencontre avec Lasse Marhaug semble avoir été déterminante vis-à-vis de certains aspects de votre travail…
Lasse fait partie de mes meilleurs amis et aussi bien lui que John Hegre de Jazzkammer sont des compositeurs/musiciens auprès de qui j’ai beaucoup appris et que je respecte profondément. Peu de temps après la sortie du premier album de SPUNK (1999), on avait décidé d’inviter tout un tas d’artistes norvégiens pour faire des remixes et c’est là que le nom de Lasse a été lancé. Plus tard, il a fait appel à moi pour remixer un titre de l’album Rolex de Jazzkammer, avec d’autres artistes comme Zbigniew Karkowski, Merzbow ou Pita. Ça a marqué le début de la collaboration qui a mené à mon disque Voice, coproduit par Jazzkammer. A l’époque, les gens étaient vraiment surpris de me voir agir comme ça : finir mes études de composition tout en collaborant avec deux faiseurs de boucan sur mon album le plus important d’alors… Ça a aussi été un choix délibéré pour éviter de trop me laisser enfermer dans le carcan institutionnel de la musique contemporaine. En y repensant, je trouve ça frappant la façon dont les critiques, en fonction de leur expérience, sont soit très admiratifs soit au contraire plein de mépris vis-à-vis de l’aspect impro/noise de mon travail. Ils feraient sans doute mieux de se focaliser sur la musique elle-même plutôt que de palabrer sur son éventuelle filiation esthétique. Si j’écris une partition ou si je fais du noise improvisé sur des haut-parleurs tout pourris, ce ne ce sont pas deux choses distinctes mais une seule passion pour la musique et le son !
Vous semblez relativement à l’aise pour voyager d’un univers musical à l’autre, institutionnel ou non…
Hild, Kristin, Lene et moi [les quatre membres de SPUNK], on a toutes étudié au conservatoire, jamais la même année ou dans la même classe, mais, néanmoins, c’est là qu’on a répété et enregistré les premiers temps. On a fait notre premier album là-bas, en studio la nuit, et on a joué un peu partout dans des endroits obscurs à Oslo. Je collabore aussi beaucoup avec POING (Frode Haltli, Rolf-Erik Nystrøm et Håkon Thelin) depuis que j’ai écrit Essential Extensions pour eux en 1999. Ils ont un cursus académique similaire, mais ils appartiennent à une nouvelle génération de musiciens autant à l’aise dans le jazz, l’improvisation ou le théâtre que dans leurs collaborations avec des pop stars et des DJs. Lorsque j’ai écrit mon premier « opéra », ils ont naturellement fait partie des intervenants sur scène, au même titre que SPUNK, des danseurs de tango, deux batteurs et un chanteur traditionnel. Je joue aussi avec POING tous les 1er mai depuis 2001, dans un endroit délabré à Oslo qui s’appelle Tranen ; on reprend des chants de travail du monde entier ainsi que des chansons du répertoire de Weill et Brecht.
Le chant, et plus généralement l’usage de la voix, est au cœur de votre pratique. Vous considérez-vous comme une vocaliste et quel a été votre apprentissage dans ce champ artistique ?
Non, je ne me considère pas comme une vocaliste mais plutôt, comme je l’ai dit, comme une compositrice-performeuse. La voix est mon instrument principal bien sûr, mais je n’ai aucune formation classique en tant que chanteuse et je serais d’ailleurs incapable de chanter de manière conventionnelle ! Ceci ne veut pas dire que je n’ai pas beaucoup travaillé pour développer ma technique. Je fais que ce que j’ai envie de faire, dans les limites de ce qu’il est possible de faire sans trop abîmer mes cordes vocales. J’ai l’habitude de dire que ce sont les filles de SPUNK qui, en improvisant avec moi, m’ont appris à utiliser ma voix.
Vous avez enregistré deux disques avec le vocaliste Jaap Blonk : quelle est l’actualité de ce duo ? Quels sont les autres artistes que vous admirez dans ce domaine ?
Jaap a pris une année sabbatique l’année dernière pour prendre un peu de recul. C’est une très bonne idée : tout le monde devrait faire la même chose ! Mais à présent il est de retour et on doit se produire ensemble au North Sea Jazz Festival (Rotterdam) en juillet, donc notre duo est toujours d’actualité. Sinon, Phil Minton et David Moss sont de très grands vocalistes avec qui j’ai eu la chance de collaborer : j’ai chanté avec Phil et j’ai travaillé à l’Institute of the Living Voice de David. En Norvège, on a également Sidsel Endresen qui est très connue et qui a été une inspiration pour toute une génération, incluant moi-même.
Si j’écris une partition ou si je fais du noise improvisé sur des haut-parleurs tout pourris, ce ne ce sont pas deux choses distinctes mais une seule passion pour la musique et le son !
Vous avez également écrit plusieurs partitions pour la danse et avez une longue association avec la danseuse Lotta Melin. Quelle est l’influence de ce type de collaborations sur votre pratique ? Avez-vous d’autres influences extra-musicales : littérature, cinéma… ?
Agrare est un trio constitué de Lotta Melin, Hild Sofie Tafjord et moi-même. Nous travaillons nos performances de manière collective. Nous apprenons beaucoup les unes des autres : toutes les idées prennent forme progressivement au cours du processus de création lorsque nous sommes réunies. Même si Hild et moi avons une plus grande expérience dans la musique et, réciproquement, Lotta dans la danse, nous sommes, à ce stade, impliquées à niveau égal dans l’élaboration de tous les mouvements et de tous les sons. Pour la performance Carrying Our Ears and Eyes in Small Bags, nous avons eu la chance de collaborer avec Kathy Hinde, une artiste vidéo britannique qui fait un travail vraiment incroyable ! Ce projet est seulement un parmi d’autres auxquels j’attache beaucoup d’importance. SPUNK est le plus ancien, on a commencé par faire de l’improvisation libre, mais on fait maintenant bien plus que donner de simples concerts. Dernièrement, on a construit une immense installation qui sera inaugurée cet automne en Norvège.
Sortir du strict domaine de la musique est assez naturel pour moi. Et collaborer est une chose vitale, et cela signifie parfois laisser filer ses idées ou au contraire se rendre à des idées qui ne sont pas tant des contributions individuelles, mais qui appartiennent davantage à l’essence collective du groupe. Sans l’apport des personnes avec qui je travaille dans différents contextes, je serais vraiment une compositrice morose et sans intérêt. Je crois que, d’une manière générale, la vie est une source d’inspiration, indépendamment de la notion d’ « art ». Je voyage beaucoup, je découvre des endroits, rencontre des gens nouveaux : voilà une source d’inspiration. C’est la même chose lorsque je lis un bon bouquin ou que je regarde un film. J’adore le cinéma (Bergman, Lynch, Tarkovski) et je n’ai pas la télévision chez moi, donc je n’ai pas à perdre de temps avec ça ! Mes autres collaborations en dehors du champ musical sont celles avec les auteurs norvégiens Aasne Linnestå, Monica Aasprong et Øyvind Berg, l’artiste vidéo californienne Daria Martin (Wintergarden sur mon nouveau CD provient de cette collaboration), le danseur et chorégraphe Odd Johan Fritzøe, la compagnie de danse islandaise avec le chorégraphe Olof Ingolfsdottir, les artistes norvégiens Per Inge Bjørlo et Karl Hansen et bien d’autres.
La féminité (ou devrais-je dire le féminisme ?) semble être un thème important dans votre travail, qu’il s’agisse de l’imagerie glamour de certaines de vos pochettes ou du titre provocateur (All Men Are Pigs) de la collaboration entre Fe-mail et Lasse Marhaug. Doit-on y voir une sorte de message subliminal et à quel degré doit-on le prendre ?
La pochette de ce disque est une grosse blague et c’est Lasse qui a insisté aussi bien pour le titre que pour l’illustration ! Non pas que je veuille me désolidariser : même si ce n’est pas un thème explicite dans mon travail, je suis une féministe bien sûr, et sacrément convaincue ! Mon travail est beaucoup plus ambivalent, auto-contradicteur ou abstrait ; je peux tout à fait parler du féminisme mais je ne veux pas en faire le sujet unique de mes investigations. Je crois que c’est important et libérateur de remettre en cause les stéréotypes à travers la provocation et la contradiction. Prenez par exemple Whitehouse, groupe controversé s’il en est : ils placent l’antiféminisme à côté de messages choquants qui font l’apologie de la pédophilie et du racisme, et c’est aux auditeurs de faire eux-mêmes les rapprochements. Par sa dimension contradictoire, leur « anti-message » devient même plus fort, car il interpelle ceux qui y sont exposés et leur impose de réagir d’une manière ou d’une autre. Evidemment, ils ont été profondément incompris, mais je dois dire qu’ils comptent parmi les gens les plus amicaux et stimulants que j’ai pu rencontrer. Agrare est peut être le projet le plus féministe dans lequel j’ai été impliquée. Notre performance Carrying our Ears and Eyes in Small Bags est une interprétation très libre de la pièce de Tchekhov, Les Trois Sœurs. C’est conçu un peu comme un collage autour de ces sœurs pleines de désillusions, isolées dans leurs rituels domestiques, et qui essayent de sublimer leur colère et leurs désirs réprimés. C’est une pièce très drôle et surréaliste, qui parle de la place de la femme dans la société avec quelques métaphores bien crues !
Pour revenir à la question de la présence féminine dans la musique expérimentale ou n’importe où ailleurs, je pense qu’on a de gros efforts à faire dans ce domaine. L’autre jour, j’ai reçu dans ma boite le programme d’un festival en Norvège (Happy Days). En parcourant leur brochure, j’ai réalisé que tout ça était fait par des hommes pour des hommes, des hommes interviewant des hommes et faisant référence à d’autres encore : j’ai compté à peu près 100 hommes pour 10 femmes dans leur listing. Et en plus, il s’agit d’un événement assez global avec des auteurs, des philosophes, des artistes visuels, des journalistes, etc. Lorsque j’ai interrogé les organisateurs à propos de ces chiffres, ils m’ont répondu que le thème du festival, la colère, avait peut-être contribué à rendre celui-ci plus « masculin ». Incroyable, non ? C’est vraiment triste de voir ces gens qui ne réalisent pas ce qui se passe devant leurs yeux. On finit par accepter ce dont on a l’habitude, mais comment les choses sont-elles censées changer d’elles-mêmes ? Parfois j’aimerais que plus d’hommes parlent au nom des femmes rendues invisibles ou simplement traitées avec indifférence ; ça devrait être dans l’intérêt de tous de changer les choses.
Visiblement infatigable, vous vous occupez aussi du festival All Ears à Oslo avec Paal Nilssen-Love, Lasse Marhaug et Kjetil Møster. Pouvez-vous nous en dire plus ?
All Ears a été initié en 2002 par [le batteur free jazz] Paal Nilssen-Love qui en est toujours le directeur artistique. On a organisé le festival ensemble depuis le début et, après quelques années, Lasse nous a rejoint puis Kjetil. C’est un job très idéaliste mais surtout très exaltant, et puis on programme des artistes qu’on apprécie vraiment. C’est le seul festival d’improvisation libre en Norvège, les participants sont très enthousiastes, même si c’est en janvier. Je crois que ça a un rapport avec tous ces gens qui en ont marre des célébrations de Noël et du nouvel an et qui cherchent autre chose à cette période. Maintenant que ma situation personnelle a changé et que je n’habite plus à Oslo, j’ai pris la décision de me retirer de l’organisation du festival. Mais ils trouveront sans problème quelqu’un pour me remplacer et nous continuerons toujours à travailler ensemble. Slugfield, notre trio avec Lasse et Paal, vient de jouer au Nattjazz festival à Bergen. Et je viens de finir d’enregistrer un nouveau disque avec Lasse dans notre série « Music for… ».
A propos de votre dernier disque, River Mouth Echoes, certains ont été surpris de le voir sortir sur le label de John Zorn. Comment cela s’est-il passé ? On a le sentiment d’un assemblage éclectique de pièces, certaines plutôt calmes pour ensemble de chambre et d’autres plus bruyantes pour dispositif électroacoustiques: comment avez-vous fait votre sélection ?
River Mouth Echoes a été réalisé en collaboration avec John Zorn lui-même, on a discuté de plusieurs pièces et on a abouti à cette sélection. Zorn a proposé cette séquence qui, je crois, fonctionne et qui relie assez bien les pièces entre elles. Composées sur une période de dix ans, ces six pièces sont des œuvres que je considère comme particulièrement importantes par rapport à l’intégralité de ma production. Chaque pièce a son histoire, sa propre essence, certaines sont très liées entre elles, d’autres moins. Je pourrais parler des heures au sujet de chacune d’elles, mais c’est bien aussi de laisser l’auditeur se faire sa propre idée. La façon dont je traite les instruments acoustiques est très influencée par les sonorités électroniques que j’ai développées. Le point commun de toutes ces pièces est qu’elles sont à la fois douces et violentes, mélodiques et dissonantes, j’utilise beaucoup les contrastes. Même les pièces acoustiques ont des passages « harsh noise ». Je ne dirais pas vraiment qu’elles sont calmes. Écoutez plutôt la musique d’Arvo Pärt si c’est ce que vous recherchez ! Maintenant, si je devais faire une liste de mes œuvres les plus importantes à ce jour, j’en ajouterais au moins deux : les Gagaku Variations pour accordéon et quatuor à cordes qui figurent sur le disque de Frode Haltli chez ECM [Looking on Darkness] et un concerto pour voix (non publié) dans lequel j’improvise une partie vocale avec un orchestre. Il y a aussi plusieurs travaux collaboratifs sur lesquels j’aimerais attirer l’attention par rapport au reste. J’ai déjà mentionné l’album Voice (sorti chez Rune Grammofon), il y a aussi Blixter Toad de Fe-mail (sorti chez Asphodel), les trois albums de SPUNK (chez Rune Grammofon) et la performance d’Agrare : Carrying our Ears and Eyes in Small Bags.
Quels sont vos autres projets ?
Je viens de terminer une commande pour le NMFU [Nordland Musikkfestuke qui se tiendra au mois d’août]. Je serai « compositrice en résidence » à ce festival. C’est la première fois qu’on m’attribue un tel statut dans mon propre pays : je suis vraiment très contente ! L’installation de SPUNK à laquelle je faisais référence sera inaugurée là-bas et je ferai plusieurs concerts dans différentes configurations. Je vais démarrer de nouveaux projets sous peu mais c’est encore trop fragile pour pouvoir en parler. Je ne veux pas gâcher le processus créatif initial en dévoilant trop de choses. Tout ce que je peux dire, c’est que je vais travailler à nouveau avec Zeena Parkins et Ikue Mori plus tard cette année, et qu’il y aura aussi beaucoup d’autres choses. Pour ceux que ça intéresse, le mieux est de consulter l’agenda sur mon site web.
Jean-Claude Gevrey Discographie sélectiveMAJA RATKJE
* River Mouth Echoes (Tzadik, 2008), lire la chronique de ce disque : http://www.octopus-enligne.com/template.php?css=cd&page=cd&article=202
* Teip (Ambolthue Records, 3xCDR, 2007)
* Adventura Anatomica (Semishigure, 2006)
* Stalker (Important Records, LP, 2006)
* Voice (Rune Grammofon, 2002)
SPUNK
* En Aldeles Forferdelig Sykdom (Rune Grammofon, 2005)
* Den Øverste Toppen På En Blåmalt Flaggstang (Rune Grammofon, 2002)
* Filtered Through Friends (remixes) (Rune Grammofon, 2001)
* Det Eneste Jeg Vet Er At Det Ikke Er En Støvsuger (Rune Grammofon, 1999)
FE-MAIL
* Blixter Toad (Asphodel, 2xCD, 2006)
* Voluptuous Vultures (PsychForm, 2006)
* Northern Strains (avec Carlos Giffoni) (Important Records, 2006)
* Syklubb fra Hælvete (Important Records, 2004)
* All Men Are Pigs (avec Lasse Marhaug) (Gameboy Records, 2004)
MAJA RATKJE / LASSE MARHAUG (MUSIC FOR…)
* Music for Faking (C3R, 2004)
* Music for Loving (Bottrop-Boy, 2004)
* More Music for Shopping (Synesthetic, 3”CDR, 2003)
* Music for Shopping (Synesthetic, LP, 2003)
MAJA RATKJE / JAAP BLONK
* Post-Human Identities (Kontrans, 2005)
* MAJAAP (Kontrans, 2004)
POING (disques incluant des oeuvres de Maja Ratkje)
* Planet Poing (Jazzaway, 2006)
* Giants of Jazz (Royal records, 2003)
AUTRES COLLABORATIONS
* Maja Ratkje & John Hegre : Ballads (Dekorder, 2006)
* Maja Ratkje & Lotta Mellin : Illegal Parking (Kning Disk, 2006)
* Maja Ratkje & Øystein Stene : Ventemesteren (lydbokforlaget, 2003)