EtherREAL:
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On ne connaissait pas Maja Ratkje avant de la voir en concert mis à part un titre ou deux de son projet Fe-Mail, et le fait qu’elle avait sorti des albums chez Rune Grammofon, en solo ou en tant que membre de Spunk.
Elle commence seule sur le devant de la scène, équipée d’un simple micro. A une vitesse impressionnante elle aligne borborygmes, cris, murmures, douces vocalises, phrases poétiques, imite une petite voix d’enfant, une femme autoritaire ou un homme menaçant, donne l’impression de s’exprimer dans toutes les langues à la fois reprenant les tics de dessins animés, que ce soit du Walt Disney ou un manga japonais. Au final elle donne l’impression d’avoir créer un langage universel, impression et poésie renforcée par sa gestuelle particulièrement imagée, accompagnant tous ses délires vocaux.
Dans un deuxième temps elle prend place derrière ses machines, sampler, effets, MD, produisant le même genre d’expérimentation, mais à base d’instruments électronique. Une musique qui part dans tous les sens, et dans laquelle la voix n’est plus qu’un élément parmi d’autres. Et puis à mi-parcours, elle met des micros dans sa bouche pour un long final complètement bruitiste, rugissements saturés, souffles, crissements numériques, et papier aluminium qu’elle agite en donnant de grands coups sur une grosse marmite métallique.
Par chance, elle reviendra pour un rappel nous donnant à entendre une troisième facette de son travail. Elle nous fait d’abord penser à Aki Onda en manipulant son dictaphone, chante timidement sur quelques souffles et cris de loups. Ambiance inquiétante, paysage hanté, et le chant prend petit à petit de l’assurance, évoquant l’opéra et venant se frotter aux hurlements des loups et s’élevant dans se superbes vocalises déchirantes. Magnifique conclusion.
Fabrice Allard
le 13/02/2005