Voice reviews in French

Jade: “Les âmes égarées et mélomanes du label Rune Gramophon connaissent Maja RatKje sans le savoir. Elle officie, tapie dans l’ombre au sein du collectif Spunk depuis quelques années, groupe déjà tributaire de deux albums pour le compte du présent label norvégien. Son curriculum vitae n’est pas l’exact reflet de sa jeunesse, puisqu’il se compose d’une interminable liste de performances, de directions de projets et de collaborations : des forces armées norvégiennes à Fe-mail, un side band en passant par l’avant-garde norvégienne ou Jazzkammeur (John Hegre et Lasse Marhaug) ici producteurs de l’album. Pour ce qui est de Voice, l’identité profonde qui s’en détache évoque les recoins obscurs de nos esprits, ses entrelacs ; quelque chose comme une hypothétique Métropolis cérébrale et sonore, mais également, dans le traitement des sources les éructations verbales de Jaap Blonk, poète sonore hollandais et l’ambiance angoissée des albums de Braaxtaal. Ce que fait Blonk avec sa voix, Maja l’exécute à l’aide de séquençage, de jeux de boucles et de superpositions, via un matériel sommaire (quelques samplers, un disque dur, un dictaphone et un enregistreur de cassettes). Le concerto de Voix se développe sur près de onze titres sous toutes les formes connues (inversion, hurlements, chant liturgique, chuchotements, complaintes, vocalises). On pense aussi à certains albums de Ground Zero, à Catherine Jauniaux et Ikue Mori ou Junko sans ses Dust Breeders. Cette pièce sonore, est une lutte avec soi même, tant elle épuise psychiquement l’auditeur la voyant par instant passer du bruit blanc à la beauté d’une voix à capela, puis au silence. Ultime et sans concession !!!!!!” (JJ.)

Versus n3 2004/2005: “Voice est donc le premier album solo basé sur la voix de Maja Ratkje, mais il est loin de l‚oeuvre d‚une débutante. Une écoute superficielle peut désarçonner, et l‚auditeur distrait peut passer à coté de ce qui fait la force du disque: à trop se focaliser sur les excentricités de la voix de Maja Ratkje, on peut oublier la beauté et le caractère profondément personnel de sa musique. Ce disque est en effet tout sauf une collection de prouesses et de tics vocaux, il est avant tout une oeuvre de musique electronique d‚une grande maitrise et d‚une construction solide. Sans pouvoir toujours différencier ce qui date des premières prises , confiées aux mains expertes de Jazzkammer, et les arrangements de Maja Ratkje au stade de la construction de l‚album, on reste confondus par la richesse et la luxuriance de l‚univers proposé. D‚une tonalité froide et lumineuse comme les terres de Norvège dont il est issu, cet album contient des moments de pure magie, comme des épisodes d‚énergie pure proches de l‚univers dŒun Merzbow. Toutes les expressions de la voix y figurent: déclamation, chant, hurlements, rires, murmures, babils, raclements de gorge, et dans tous les environnements sonores, naturels (petites pièces et grands espaces) ou électroniques. La voix est ainsi prise comme pâte et modelée en tous sens, découpée, altérée, répétée, pour produire un album constrasté, entre moments de repos et d‚abandon et montées en puissance. Une musique libre, fière et sauvage.”

Chronic’art: “On vous a récemment dit tout le bien que l’on pensait du magnifique troisième album de Spunk, quartet féminin d’improvisation libertaire et sans limites, on est donc heureux de vous parler du premier disque solo de sa vocaliste et chef de file Maja Ratkje. Un disque de chanteuse à voix doublé d’un monument d’étrangeté, qui risque bien de devenir une pierre angulaire de l’art vocal. Le concept dudit disque, équivoquement et sobrement intitulé Voice, est d’emblée ambitieux : les acrobaties vocales de Maja sont à la fois le sujet central de l’album, et sa seule source sonore. Un peu à la manière de Guitar de Derek Bailey, de Tenor de Joe McPhee, ou du Classic guide to strategy de John Zorn, autres grands improvisateurs et casseurs de murailles musique/non-musique, la norvégienne explore les milles et une possibilités, jolies pas jolies, que lui offrent ses cordes vocales (vibrations) et son organe oratoire (textures, brisures, sifflement). Alors bien sûr l’exercice pourrait se révéler périlleux, voire aride, mais la norvégienne, qui a décidément de la suite dans les idées, s’est acoquiné du duo noise Jazzkammer pour enrichir son propos et étendre encore un peu plus le vaste territoire de sa voix magnifique. Brisant le cou à la contrainte de départ, le trio n’hésite pas à transformer le matériau jusqu’à l’inhumain et jusqu’à l’impossible, bouclant, molletonnant, accélérant les vocalises pour les faire muter en autant de mélodies, rythmes, pulsions, nappes et bouillonnements tout autant modernistes qu’ancestraux. Maja éructe, charcute, siffle et hume les langues (norois, anglais) et quelques mots leur appartenant, invoque la furie (“joy”, “chipmunk party”) tout autant que l’apaisement (les prouesses ambient pop “voice” et “vacuum”), le groove de Sarah Vaughan (“dictaphone jam”), brasse l’avant garde de Shelly Hirsch ou Iva Bittova à la pop romantique de… Bjork. Et n’oublie jamais d’écrire, de composer, de faire de la musique. Ce qui donne à ce disque une ambiance très particulière et une allure digne des grands albums pop. A qui ce disque majeur parlera ? Impossible de le savoir… Mais on en discutera encore certainement dans longtemps.” (Olivier Lamm)

Les Inrocks 2002: “Premier album en solo de l’un des membres du collectif féminin Spunk, dont deux œuvres majeures et un recueil de remixes sont déjà sortis sur le label Rune Grammofon, Voice est un objet musical étrange et hors catégories ; ceux qui l’écouteraient distraitement pourraient à tort l’affubler d’un ironique et définitif Oreilles sensibles s’abstenir , qui ne rendrait pas justice à ce diamant noir dont la beauté et la magie fascineront les amateurs de sensations fortes. Etincelante et riche, c’est en effet ainsi que cette œuvre se révéle à qui se laisse gagner par la folie enchanteresse d’une voix dont tous les possibles sont explorés. Car ce n’est (quasiment) que de voix humaine qu’il s’agit là, même si le résultat, souvent saisissant, doit également beaucoup aux manipulations du duo electro Jazzkammer, dont un des musiciens est un vétéran de la scène bruitiste internationale. Captées dans tous leurs états (du murmure au cri qui perce les tympans) comme dans toutes sortes de lieux choisis en fonction de leurs résonances particulières (sur un toit, dans un ascenseur, etc.), triturées sur des supports variés (du dictaphone au sampler), les vocalises de Maja Ratkje font écho à des techniques aussi bien modernes qu’archaïques. Tout ce qui est chanté sur Voice, incarné de bout en bout avec une authenticité rare, et parfois même hurlé avec une énergie sauvage hors du commun, a déjà été en partie exploré, surtout par des vocalistes versés dans les musiques contemporaines ou improvisées les plus pointues. Ainsi viennent spontanément à l’esprit les noms de Sainkho Namtchylak, Tamia, Maggie Nicols (dont le Feminist Improvising Group a indubitablement marqué Spunk) : une manière de positionner Maja Ratkje sur l’échiquier des expérimentations vocales, tout en remarquant combien son extra ordinaire singularité en fait une artiste à part entière prolongeant le travail des aînés. Son chant parfois sensuel, ses effets multiphoniques, sa capacité au bruitage vocal à base d’éructations grinçantes et abrasives, de borborygmes mâchés et d’aigus déchirants n’appartiennent définitivement qu’à elle.” (Philippe Robert)

Sortiz: “(…)Tour à tour mystérieux et étrange, élégant et splendide, enfantin et enchanteur, parfois même rageur, Voice est plein d’atmosphères, de couleurs et de folie créative. C’est autant une expérience sans compromis qu’un opus sous acide. Bref, un album pas banal, d’une grande richesse, acrobatique, protéiforme et surprenant qui sollicite constamment l’auditeur et qui devrait lui garantir une place au sein des meilleurs chanteurs de musique expérimentale.”

La médiathèque: “(…)En tout cas, exhibition vocale phénoménale coulée dans un soundtrack electro rock soft ou trash, grande classe démente.. !” (Pierre Hemptinne, Mons / Charleroi)

Les Chroniques du SOLENOÏDE: “N’ayez crainte ! Malgré les rigueurs du climat arctique, Le label Rune Grammofon continue de préparer des alchimies sonores visant à lutter contre l’apathie ou l’hibernation musicale. Quelle que soit la saison, la maison de disques norvégienne peut en effet sortir de ses éprouvettes magiques, un nouvel elixir “régional” aux vertus insoupçonnées. Dernier exemple en date: le premier album de Maja Raktje, projet centré sur la voix. Et autant dire que cette artiste (connue pour ses méfaits au sein du quatuor féminin Spunk) n’a pas froid aux yeux. Par le seul usage de sa voix, cette jeune femme dépasse l’entendement esthétique et nous propose un exercice de cut-up vocal de haute volée. Difficile en effet de rester indifférent aux charmes de sa voix tour à tour criarde, douce, stridente ou harmonieuse. Enregistrée et retravaillée sur différents supports (dictaphone, minidisc, sampler…), elle peut ainsi se parer d’une candeur intrigante comme se métamorphoser en une tornade hystérique et cacophonique. Le registre est large et l’effet produit sur l’auditeur des plus troublants. Dans un tel contexte, plusieurs écoutes permettront d’apprécier toute la finesse et l’audace de l’ouvrage. Possédant un passé musical impressionnant (dans les domaines de la country, la fanfare, le jazz, le tango ou l’électronique) et multipliant aujourd’hui les collaborations avec d’autres compositeurs contemporains (Jazzkammer), Maja risque de faire encore parler d’elle, dans Solénoïde et ailleurs. Pour son impudence et sa splendeur, «Voices» est un album qui pourrait vous laisser… sans voix!”

l’Ultime Atome: “Ca décoiffe ! Free jazz noise, vocaux improvisés, cris, rage, pleurs, Maja se déchaîne comme peu le font. Une claque aux amateurs de bruitisme ultime, cette musique riche et variée n’a que peu d’égales, rien à voir ici avec les cris et fureurs d’un Gerigerogegege ou d’un Masonna enragé ; l’improvisation de Maja se rapproche bien plus de la musique nouvelle et du free jazz que du japanoise tout en étant relativement extrême.” (C-Drik)

Ouest France 09.03.03: “(…)joue des limites les plus extremes de la douceur (un peu) et de la frénésie aliénée (beaucoup). Parfois éprouvant mais bizarrement stimulant.” (Ph. R.)

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